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Changement climatique : même dans le Nord ?

Pour sensibiliser à la problématique du réchauffement qui se déroule d’ores et déjà partout sur la planète, le Cerdd (Centre Ressource du Développement Durable) et ses partenaires* ont mis au point cette chouette exposition " +2 °C, le changement climatique près de chez vous "


* Dreal Nord-Pas de Calais, Forum des Sciences, Métropole Européenne de Lille, Nausicaa (Boulogne/mer), Maison Régionale de l'Environnement et des Solidarités de Lille…

De quoi est-il question ? En quelques mots, il s’agit de présenter quelques constats, quelques signes du réchauffement d’ores et déjà visibles en Nord-Pas de Calais, les risques particuliers de la région et un scénario fictif où tout serait mis en oeuvre pour limiter le réchauffement et lutter contre les effets.


Les 2°C, ça vient d’où ? Selon le GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du Climat), une augmentation au-delà de 2°C en 2050 (par rapport à 1880, soit avant l’ère industrielle) aurait des conséquences dramatiques et non maîtrisables. Ainsi on tente de rester dans cette fourchette, les états débattent, négocient et s’engagent (ou non) lors de sommets ou conférences internationales. Partout, on surveille les signes du changement climatique et ce, depuis la création de l’instance internationale « Convention Cadre des Nations Unies » en 1992 (Date du Sommet de la Terre à Rio).


Le réchauffement en Nord Pas-de-Calais La région est sensible, pour plusieurs raisons : – la proximité de la mer avec une façade maritime de taille importante et des zones situées sous le niveau de la mer (les Wateringues, point abordé plus loin), – la forte densité de population, y compris dans les régions proches des côtes, – la présence d’argiles qui ont tendance à se gonfler en absorbant l’eau avec la conséquence des risques de mouvements de sols, – un réseau de voies navigables très développé, – les risques sur les ressources en eau.

Différents signes de dérive et de souffrance sont observables : – l’augmentation de température, presque 1,5 °C en + de hausse entre 1955 et 2013 à Lille – l’augmentation du niveau de la mer (+ 9 cm à Dunkerque) avec pour conséquences les risques d’inondations et la modification des précipitations, – l’érosion assez marquée du littoral, – la dégradation des ressources en eau, – la dégradation des sols (gonflement), – la perte de biodiversité au niveau de différents milieux ou la modification des circuits de migration…

Un exemple préoccupant, souligné par l’exposition est celui du devenir du territoire des Wateringues (mot flamand signifiant « Cercle d’eau ») s’étalant sur 100 km2 . Cette région est un polder : un territoire gagné sur la mer. La zone est proche de la côte et forme un triangle entre Dunkerque, St-Omer et Calais, se trouve sous le niveau le plus haut de la mer (marée haute) et reçoit de l’eau de ruissellement des collines voisines. Elle se trouve protégée par digues et dunes mais nécessite de nombreux ouvrages hydrauliques pour évacuer l’eau : porte à la mer, stations de pompage pour pallier à l’écoulement gravitaire insuffisant, écluses, vannes … Actuellement, le système est en équilibre assez fragile. Avec la montée du niveau de la mer et les épisodes de forte pluviométrie annoncés par le changement climatique, des zones de grande surface sont menacées de submersion (avec des usines « sensibles ») et pourrait impacter de nombreux habitants.

Des solutions envisageables Ainsi, l'exposition amène à prendre conscience de la notion de cycle de vie d’un objet, d’un bien… L’analyse du cycle de vie (ACV) est une méthodologie permettant de rendre compte des différents impacts environnementaux d’un produit ou d’un procédé depuis l’extraction des matières premières jusqu’à sa fin de vie en intégrant les étapes de fabrication, le transport…Est-il possible d’augmenter la durée de vie d’un produit de consommation ? Peut-être pas s’il rend l’âme, mais peut-être pourrait-on aller plus loin avec certains d’entre eux. Dans une grande majorité de cas, il est possible de recycler et valoriser les déchets…

Notre cadre de vie aussi peut être modifié. Il faut se tourner vers la réorganisation des villes, comme certaines ont déjà su l’amorcer en y faisant entrer la Nature (pour diminuer les îlots de chaleur, relire cet ancien post sur les toits végétalisés), en créant des écoquartiers (limitation de la circulation des voitures au profit des transports en commun) ou en valorisant les friches urbaines. L’étalement des zones urbaines doit également être limité pour diminuer le transport (et la pollution qui l’accompagne), diminuer l’emprise sur les espaces naturels (souvent synonyme d’artificialisation des sols qui ne jouent alors plus leur rôle de « puits de carbone »)

Le transport n’est pas une mince affaire et pèse énormément dans la balance. Il s’agit du 2e secteur émetteur de GES en Nord Pas de Calais. Les solutions passent par le développement des transports en commun, de solutions de services, les vélos… sans oublier la conception même des moteurs.


Terminons donc par un dernier petit coup de projecteur sur l’industrie et l’énergie qui constituent deux volets majeurs dans la lutte pour le réchauffement par tous les aspects liés à la production et l’utilisation de l’énergie, des matières premières et de la gestion des déchets.

Bien sûr, il est question d’améliorer les procédés afin de les rendre plus efficaces, moins gourmands en énergie (primaire) et en matières premières mais c’est aussi sur une nouvelle organisation entre industriels qu’il faut compter et qui est profitable à tous. En se regroupant géographiquement, les industriels peuvent former une plateforme et optimiser les flux de matières premières et d’énergie, mieux gérer les déchets : c'est une économie circulaire qui doit se développer.


Mais c’est tout un réseau finalement entre lieux de vie des populations, services (incluant le transport) et industries qui peut changer beaucoup de choses : – développement des énergies renouvelables (en lien avec le stockage) proches des lieux de consommation, intégrées au Tertiaire, et aux réseaux de chaleur, – gestion de déchets par méthanisation pour la production de biogaz, qui alimente aussi des réseaux de chaleur, – une meilleur efficacité énergétique (bâtiments, usines, transports…), – une meilleure adéquation consommation/ production (rôle des smart grids), – la traque à l’énergie fatale* pour alimenter les réseaux de chaleur. * l’énergie fatale concerne, entre autres, la fuite de calories d’un procédé, liée par exemple à des étapes de condensation ou de refroidissement nécessaires au process, ou simplement aux pertes thermiques. C’est le 2e principe de la thermodynamique (relatif à la dispersion d’énergie) : la bonne nouvelle est qu’on peut chercher des moyens pour « limiter » ces pertes.




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